Présentation orale pour le congrès de sexologie
Marseille le 13 mars 2014 avec la SFSC et l’AIUS
Le gentil persécuteur
Désir dans le couple
Les couples que je reçois dans mon cabinet à Angers ou à Paris depuis 25 ans ont presque toujours la même plainte. Pas assez de désir, chez l’un et trop chez l’autre. Cette différence est une des causes de tension entre les conjoints. Les deux sont à tour de rôle « l’agaçante victime » ou « le gentil persécuteur » de leur propre désir et de celui de l’autre, et pour tout compliquer ils affirment qu’ils s’aiment. Le couple rapidement devient moins sexuel, avec la nostalgie du temps où la relation était sexy, et la tristesse, la frustration, d’en être arrivé à cette situation mal comprise, mal acceptée chez ceux qui s’entendent bien, dans les autres domaines de la vie conjugale.
Les causes, les effets, se développent dans un système rétroactif
Une femme ne peut dire oui, que si elle peut dire non sans que cela change l’humeur dans le couple, ce qui est rarement le cas.
La familiarité, Les enfants, la fatigue de la vie de famille avec ses nombreuses taches, le travail, l’homme qui a assisté avec frayeur aux accouchements de sa femme ( autre sujet a réflexion ), le sentiment que les choses sont acquises, les habitudes, L’ennui, le manque de reconnaissance, la peur de se sentir impuissant face à une situation qui est insatisfaisante depuis parfois des années.….
Mais bien au-delà de tout cela, la condition première et elle est suffisante pour installer le trouble du désir, c’est la dynamique négative qui s’installe dans le couple. C’est parce que il y a toujours un des conjoints, qui est plus demandeur de rapports sexuels, que l’autre l’est moins. L’un avance parce que l’autre recule. L’un fuit de plus en plus, et commence à construire des stratégies d’évitements, parce que l’autre est de plus en plus en plus pressurisant. Ça n’est pas un état ou l’un à une forte libido et l’autre une faible. Ces stratégies de pressions et d’évitements sont les solutions « pièges » que le couple développe pour surmonter le problème. Ces solutions sont le problème. Elles fonctionnent comme un système d’homéostasie (de vase communiquant) qui est une tentative malheureuse d’équilibrer l’écart entre deux forces opposées. Le trop ‘’ la pression’’, et le pas assez ‘’la fuite’’, se renforcent par rétroaction, avec ce sentiment d’impuissance qu’ils ne vont jamais y arriver. « Avec tous les efforts que nous faisons c’est pire ! ». La proférence est en évolution, les difficultés peuvent augmenter jusqu’à l’abstinence.
Le processus s’aggrave encore lorsque l’un se force pour faire plaisir à l’autre. Ce qui n’est pas dit est exprimé dans le comportement non verbal. Faire plaisir à contre cœur est paradoxal et laisse le couple, pas dupe, avec un sentiment de tristesse de frustration, de peur et d’échec. La panique peut s’installer des 2 cotés. L’un de ne plus avoir accès à la sexualité de l’autre, et l’autre d’avoir l’obligation de la satisfaire. La culpabilité chez les deux est grande. Coupable du malheur de l’autre.
Ce sont les stratégies d’évitements et de pression qui affaiblissent la libido, et cela rétroactivement.
Ces stratégies d’évitements ancrent l’idée que l’un est désintéressé par le sexe, et l’autre est limite obsédé(e). Ils vivent leur couple comme différent des autres, pire comme anormal. A ce stade l’affection entres eux, rajoute de l’anxiété. Tous gestes tendres sont susceptibles d’être interprétés comme une invitation à la sexualité.
Les stratégies d’évitements sont très nombreuses.
Voici quelques exemples :
La simulation qui renforce le sentiment de ne pouvoir y arriver naturellement.
Etre le moins sexy possible. Ne pas être un sujet de désir. La négligence physique est un bouclier contre l’excitation de l’autre.
La colère, le conflit, mettre la mauvaise ambiance, se montrer agaçant(e), irritant(e), bref démotivant(e).
La femme justifie sans y croire vraiment son manque de désir, causé par des attouchements dans le passé. Je ne parle pas d’abus sexuels traumatisants. J’ai pas mal de patients qui me demande une séance d’hypnose pour les aider à se souvenir d’un possible choc sexuel oublié, plutôt que de vouloir se confronter au vrai problème présent. J’explique la théorie des faux souvenirs, et je refuse de faire surgir des réponses inadéquates justes parce que les questions ont été posées.
Le fameux mal de tête, et tous symptômes psychosomatiques, se coucher a des heures différentes,
moins de gestes tendres de peur qu’ils soient interprétés comme une invitation sexuelle. Se forcer à contre cœur, pour faire plaisir, pour que l’autre n’aille pas voir ailleurs, ne se sente pas totalement rejeté. L’autre est stressé, attentif a surtout ne pas trop déranger pendant l’acte souvent mal accomplie.
Le fun n’est plus de la fête
On en arrive à la corvée conjugale, la même que nos grands-mères. Elles avaient l’avantage qu’ils existaient des bordels accueillants. Elles étaient silencieusement complices des infidélités du grand père. Pendant que lui s’occupait de sa « danseuse », elle lui mijotait des petits plats, sans crainte de retomber enceinte, de souffrir ou de mourir en couche. Parfait contraceptif pour elle et antidépresseur pour lui.
Aujourd’hui internet remplace aisément la prostitution dans un contexte de « safe sexe » comme une aide masturbatoire, et exutoire.
Les solutions
Elles sont délicates car il ne faut pas avoir une attente que le désir revienne sinon, c’est à nouveau une pression supplémentaire.
Celui qui est trop proche doit mettre des résistances bienveillantes pour redevenir sexy aux yeux de l’autre. Pas de pression. Une douce opposition, le manque, l’éloignement sexuel sont les conditions qui favorisent le désir.
Une femme ne peut dire oui, que si elle peut dire non sans que cela change l’humeur dans le couple. Apprendre à dire non, avec assertivité.
Les rassurer sur la normalité de leur situation. Les autres sont plutôt comme eux.
C’est important que ce soit le thérapeute du couple qui fasse une suggestion d’abstinence sexuelle pendant un temps ouvert.
Temps nécessaire pour souffler et réapprendre les apprentissages sensuels.
Développer les compétences et les qualités de communication dans le couple.
Revivre le temps ou le désir était présent.
Découvrir ce que l’un et l’autre aime ou n’apprécie pas.
Réintroduire du fun, dédramatiser. Sexe et amour peuvent être séparés. On peut aimer sans désirer, et désirer sans aimer.
Flirt, caresses, tendresse, fellation, cunnilingus, découvertes de sensations érotiques dans des lieux ou le rapport sexuel n’est pas possible (ciné, voiture).
Chacun doit décider jusqu’où il veut aller, pour retrouver la liberté de dire oui ou non. Ils ne sont pas responsables du plaisir de l’autre mais de leur propre plaisir. Aux femmes de ne pas tout attendre de leur partenaire pour les faire jouir.
Elles doivent prendre les choses en main.
Leur expliquer que l’un est comme cela parce que l’autre est ainsi, et vice versa. Que l’un est en perte de désir parce que l’autre en a trop… C’est une dynamique et non un état. Que la pression et les stratégies d’évitements ont conditionné leur peine sexuelle. Qu’ils ont pris des mauvaises habitudes. C’est le couple qui a une difficulté et non l’un ou l’autre.
Le sexe c’est fait pour se faire plaisir. Cela reste un acte que l’on fait pour soi et non pour l’autre, même si les deux en profitent ensemble.
Il n’y a pas d’incompétences sexuelles ils n’y a que des apprentissages mal fait.
Faire l’amour est simple, il faut se concentrer sur ses sensations au lieu de se regarder faire en se jugeant inapte.
Sortir de sa transe négative et de ses pensées toxiques.
Changer l’ordre, préliminaires, pénétration, orgasme.
Phéromones. (Nadine Grafeille) son rôle dans le désir. Une vraie question.
Conclusion
La qualité de la relation sexuelle dans un couple est dépendante des dynamiques qui s’ancrent par rétroactions entres les multiples facteurs comportementaux, que dirige le système. Elle peut donc se modifier lorsque l’on introduit des éléments nouveaux, qui vont changer sa manière de fonctionner.
Le désir, n’est pas un état mais une résultante de cette dynamique systémique.
Auteur : Eve Schreier Ph.D
Site: www.e-schreier
Mail: evelyne.schreier@yahoo.fr
Téléphone : 06 03 12 62 35
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